Rentrée: le casse-tête des collations sans noix

Le fromage, c'est oui, mais les barres tendres, c'est non. Le yogourt, d'accord, mais en tube, pas en pot. La rentrée en classe signifie aussi le retour du casse-tête des collations pour des milliers de parents, qui ont intérêt à garder la liste des interdictions bien en vue sur le frigo...

Amy, sept ans, de l'école primaire Les Ursulines, connaît sur le bout de ses petits doigts les règles pour ses deux collations du jour et sa collation du soir, moins restreinte, au service de garde. «Le jour, on a le droit aux légumes, aux fruits et au fromage, mais, au service de garde, je peux prendre des galettes de riz», détaille la fillette.

Des galettes de riz de marque Quaker, les seules sans trace de noix, précisera la directrice adjointe Marie-Nadine Garneau. «Quand on voit un nouveau produit non allergène, on essaye de s'ajuster», dit Mme Garneau.

Les noix sont l'ennemi public des écoles, allergies obligent. Pour les éviter, les écoles bannissent les craquelins et les barres tendres. Lorsqu'on accepte les fruits séchés, il faut qu'ils aient été achetés déjà emballés.

La directrice de l'école de l'Apprenti-Sage de Neufchâtel, Michèle April, indique que, même dans le rayon des fruits, il faut parfois faire des restrictions. «Si on avait un enfant allergique au kiwi dans une classe, on pourrait y interdire le kiwi», explique Mme April.

Le partage des collations entre les enfants est interdit. Et en classe ou dans la cour d'école, les professeurs et les surveillants gardent un oeil sur la marmaille qui grignote.

La santé avant tout

Certains parents aimeraient que leurs enfants puissent, par exemple, manger des galettes santé faites à la maison. Mais, en général, les gens sont très collaborateurs, constatent les directions d'école. «On négocie avec un grand nombre d'enfants», souligne Nathalie Plamondon, directrice adjointe de l'école primaire Cap-Soleil et des Loutres à Charlesbourg. «Le professeur ne peut pas aller vérifier les ingrédients de chacun.»

Avec 27 % des enfants québécois qui souffrent d'embonpoint, les écoles ont leur part à faire pour promouvoir les saines habitudes de vie, estiment les directions interrogées. «Si on laisse le choix entre le fruit frais et le fruit séché, l'enfant va toujours aller vers celui qui goûte le plus sucré, soit le fruit séché», fait remarquer Nathalie Plamondon.

C'est pour cette raison qu'en plus de bannir les croustilles et autres friandises, à l'école de Mme Plamondon, seuls les jus non sucrés sont tolérés.

L'aspect pratico-pratique soutend aussi plusieurs règles. Les raisins secs, ça s'échappe, des ustensiles, ça se perd vite, et le yogourt renversé, ça fait des dégâts !

«C'est certain qu'on y va aussi pour des aliments qui demandent peu de manipulation et qui se consomment facilement dans un contexte de classe», dit Nathalie Plamondon.

Nancy Lefebvre, maman d'Amy, comprend la pertinence des règles. «Ça peut vraiment donner un bon départ en nutrition aux enfants», dit-elle. Mais trois collations par jour, 180 jours par année, «ça revient vite !» lance Mme Lefebvre.

Isabelle Mathieu
Le Soleil